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École secondaire Cap-Jeunesse

Être trop vieille pour son âge
Douance

Être trop vieille pour son âge

J’ai appris à lire à deux ans, ce que beaucoup ne croient pas. J’ai une énorme facilité dans la plupart de mes cours à l’école, depuis la maternelle. J’ai de très bonnes notes dans presque toutes les matières, mais je ne trouve pas d’intérêt à me faire de nouveaux amis de mon âge et ça a toujours été très difficile pour moi, ce qui a engendré ma « fermeture » envers tout le monde. Comme si mon cerveau n’était pas de la même catégorie que le leur. Les gens pensent que j’ai de la chance. Qui ne rêverait pas de notes hors du commun à l’école ? Aujourd’hui, malgré ma persévérance et tout ce que je donne de moi-même, je suis bien d’accord, mais je ne l’étais pas autant avant. Mon but, c’est de vous expliquer comment ça a été pour moi d’avoir de la douance dans mon parcours scolaire et social, et de vous expliquer comment ma situation, ainsi que moi-même, a évolué jusqu’à aujourd’hui.

 

Avant mon début au primaire, je savais déjà lire et écrire assez fluidement à quatre ans. Ma mère m’a appris lorsque j’avais deux ans et j’ai compris très rapidement pour mon âge. Ma mère ne voyait donc pas l’intérêt pour moi de faire ma maternelle, mais le système scolaire pensait autrement. Sauter une année aussi « importante » selon eux était fou. Je me faisais pénaliser, parce que je commençais toujours les travaux avant les autres, par mon enseignante qui mettait mon nom au tableau. Ma mère a réessayé de convaincre la directrice, l’année suivante, et la réponse a été la même. Mon enseignante de première année me trouvait extrêmement brillante et parlait de moi à ses groupes plusieurs années après, mais rien n’a changé pour mes facilités scolaires. De la maternelle à ma deuxième année, la directrice de ma chère école ne voulait toujours rien savoir par rapport à un saut d’année. Comme ça ne donnait jamais rien d’essayer, je trouvais le temps bien long. Au travers de ces cours, je me suis fait quelques amis. Au départ, ce n’était que des garçons, ou des filles qui traînaient aussi avec des garçons. En effet, ce qui me freinait avec les filles contrairement aux garçons, c’est que les relations amicales, il faut vraiment les entretenir. Mes facilités scolaires ne reflètent aucunement sur mes habiletés sociales, ce qui a encore moins poussé la direction à prendre mon cas en considération.

 

En quatrième année, au début de l’année scolaire, ma mère a pris rendez-vous avec une psychologue pour faire un test de QI. Mon résultat était élevé comparativement à la moyenne des gens de mon âge et même de la moyenne des adultes. Si je ne me trompe pas, mon QI était entre 123 et 127 à 9 ans. Ma mère a informé mon enseignante de quatrième de ma situation intellectuelle pour qu’elle puisse me donner plus de défis et de travaux supplémentaires, comme le saut d’année n’était toujours pas une option. Cependant, ma professeure ne l’a pas bien pris. Elle m’a plutôt ignorée et répondait rarement à mes questions durant la majorité de l’année, et ce sans me donner réellement de défis ou de travaux supplémentaires. Elle me parlait souvent plus froidement qu’aux autres élèves. Lorsque je lui ai donné un cadeau pour Noël, elle a dit devant toute la classe qu’elle ne l’aimait pas et ça m’avait beaucoup blessé, surtout qu’elle remerciait chacun des autres élèves chaleureusement. Cette année-là, elle a été longue. L’année suivante, comme je ne voulais pas passer une autre année dans une telle ambiance, ma mère et moi avons décidé de ne plus parler de ma douance aux enseignants pour le reste de mon primaire et pour mon secondaire, même si mes enseignantes de 5e et de 6e année auraient définitivement mieux géré ma situation.

 

 

En secondaire 1, il y avait une autre élève de ma classe qui faisait de la douance. Elle a eu plus de chance que moi, car elle a sauté une année au primaire. Elle avait tout un plan d’intervention que son école primaire a fait appliquer au secondaire. Ça m’avait vraiment choqué de devoir rester dans des classes qui ne sont pas à mon niveau tandis que d’autres peuvent profiter de cours plus adaptés. J’ai donc commencé à moins prendre l’école au sérieux, comme je m’ennuyais constamment et que tout était trop facile. J’ai vraiment décroché juste parce que cette élève avait droit à tout ce qu’elle méritait, mais moi, pas même un peu. J’ai quand même pu décrocher deux certificats méritas à la fin de l’année scolaire, en français et en mathématiques, même si j’aurais vraiment dû plus me donner.

 

Au milieu de mon année au secondaire 2, ma mère a contacté une T.E.S. et mon prof tuteur avec l’espoir de changer ma situation, comme j’avais perdu toute motivation scolaire. Ils m’ont donc monté un plan d’intervention, car je n’avais plus vraiment d’objectif motivant en cours, surtout que je n’avais pas d’ami donc encore moins de motivation. Je n’avais pas d’amis parce que je suis beaucoup trop gênée et pas du tout spontanée au niveau social. J’aimerais bien vivre comme les autres ados, mais je ne peux pas, tout simplement parce que je ne suis pas aussi sociable qu’eux. Dans le plan que m’avait monté l’école, j’avais le droit de manquer certains cours, faciles pour moi, une à deux fois par semaine pour aider des enseignants de classes d’adaptation scolaire. Donc de plus petits groupes pour des élèves ayant des difficultés dans des classes régulières, par exemple des élèves atteints du trouble du spectre de l’autisme. J’ai même organisé une activité de découverte d’animaux avec Éducazoo, un refuge animalier organisant des activités éducatives sur des animaux d’autres régions du monde, avec un groupe passionné d’animaux. J’avais un certain attachement à ces groupes parce que ma sœur était censée intégrer l’une de ces classes l’année suivante, puisqu’elle a de gros troubles de vision. Elle doit avoir avec elle beaucoup de matériel extrêmement difficile à transporter et elle n’est pas à l’aise dans les classes régulières. De plus, pour mon plan d’intervention, j’ai eu droit à un ordinateur en classe pour m’occuper et travailler sur des projets lors de mon temps libre. Ces changements ont vraiment fait une grosse différence dans ma motivation scolaire et dans mes notes. À la fin de mon secondaire 2, j’ai donc reçu deux certificats méritas, dont un, en français et un en danse, ainsi qu’une nomination en sciences. J’ai cru en avoir un en mathématiques, mais le directeur a décidé de poser un maximum de 3 nominations et/ou méritas par élève pour éviter les « injustices »…

 

Cette année, ma chance en amitiés scolaires n’a pas augmenté, mais depuis que je travaille et que je fais plus de cours de danse, j’ai la chance d’échanger et de fonder des amitiés qui me correspondent plus. Ces liens sont surtout avec du monde plus vieux que moi ayant un sens d’interprétation de la vie plus près du mien (si ça fait du sens). En cours, j’ai toujours droit à un Chromebook. Je travaille sur divers projets qui me motivent, comme faire des cahiers d’activités dont je crée toutes les activités moi-même pour mes sœurs et leurs amis, mais aussi pour la classe d’adaptation scolaire de ma sœur cadette. Je fais aussi des fiches de révision complètes pour certains de mes cours qui m’intéressent (donc surtout pas en histoire) et j’y écris mes idées ou des textes tout droit sortis de mon imagination. Grâce à cela, j’ai amplement de temps pour écrire des textes pour la deMOIs’aile !

 C’est tout pour aujourd’hui. J’espère vous avoir intéressé avec cet article !

Émilie

Émilie Fisette

Je m'appelle Émilie et j'ai 14 ans. Je suis en secondaire 3 et je prends beaucoup mes études à cœur. Depuis maintenant un an, j'ai un emploi qui m'a beaucoup aidé à m'exprimer et à me dé-gêner autant à l'école qu'avec les gens autour de moi. Je danse depuis mon plus jeune âge à l'académie Dansetout à Saint-Jérôme où je pratique depuis mes 5 ans la claquette et depuis plus récemment d'autres styles comme le jazz et le ballet. Écrire a toujours été une passion pour moi. Les idées et les mots me viennent naturellement et j'en ai toujours trouvé un intérêt. C'est pourquoi lorsque j'ai entendu parler de La deMOIs'aile, j'ai tout de suite été intéressée à l'idée d'y laisser ma trace.

Émilie Fisette - École secondaire Cap-Jeunesse